Beaucoup de gens se posent ou se sont souvent posé des questions à propos de l’histoire, du vocabulaire, des secrets de confection et même des normes et conventions de consommation à propos du tabac en général et surtout de la légende du cigare en particulier. En effet, ce dernier semble pour son cas spécifique appartenir à un cercle très fermé de connaisseurs qui d’ailleurs ne se recrutent pas au bout des rues. Dans cet article, nous vous présentons de précieux éléments de réponses selon des informations données par de multiples sources pour vous permettre d’y voir un peu plus clair.
Les origines du cigare
Origine temporelle et géographique
La plupart des connaisseurs de la consommation du tabac sous ses différentes formes s’accordent pour reconnaître son origine à 2500 avant Jésus-Christ, pendant la civilisation maya établie en Amérique qui l’utilisait comme plante médicinale, et le consommait en le prisant ou en calumet. Cette pipe rituelle qu’ils appelaient “Tzibati” était fumée au cours de certaines cérémonies. Les Espagnols traduiront ce nom par “Tobago“.
L’arrivée de cette pratique en Occident est vraisemblablement l’œuvre des conquistadors espagnols, portugais, et autres marins européens dont le plus célèbre était Christophe Colomb. Ce dernier pendant son périple américain en 1492, précisément au large d’une île des Bahamas, baptisée San Salvador, vit pour la première fois des autochtones inhalant de la fumée empyreumatique issue de feuilles de plantes séchées en combustion et fut émerveillé par la pratique ainsi que les autres membres de son équipage.
Nous comprenons aisément pourquoi d’autres sources parlent d’origine antillaise et dominicaine associée à la production d’une variété dénommée “Macouba” qui aurait été fumée pendant le règne de LOUIS XIV et même plusieurs siècles auparavant, car la République dominicaine, pays d’Amérique centrale, est située dans les Antilles et débouche à la fois sur l’océan Atlantique et sur la mer des Caraïbes. Elle occupe la partie ouest de l’île de Haïti (le reste de l’île étant occupé par la république de Haïti) et plusieurs îles limitrophes (dont Beata et Saona). Tous ces territoires frontaliers constituent donc le champ domanial principal où l’on observa de façon notoire l’adoption de l’utilisation du tabac sous différentes formes par les aborigènes.
Ils fumaient également une forme primitive de cigare, à base de tabac séché, froissé et roulé avec dextérité dans une feuille à l’aide de la paume de leurs mains.
Le nom du Cigare provient du mot espagnol “cigarro” lui-même issu du terme maya “sekar” équivalant au verbe fumer.
Appellation d’origine protégée depuis 1967, le nom “havane” (habanos en langue locale) fait surface pour la première fois en 1799 dans les lignes d’un document officiel du royaume d’Espagne qui régissait l’île de Cuba avec pour titre “Junta de la Factoría de Tabacos”. Il n’est utilisé que pour désigner les cigares cubains, et roulés exclusivement à partir de tabac d’origine cubaine.
Premières manufactures
C’est à partir du 16e siècle et au début du 17e siècle que le tabac commence à se répandre en Europe, d’abord en Espagne, puis au Portugal, en France et plus tard en Grande-Bretagne. C’est précisément à cette période qu’apparaissent les premières sociétés qui le commercialisent comme produit médicinal et aussi sous ses formes fumables et en prise. En 1821 une loi exigeant des taxes d’importation très élevées pour réglementer la production transformera le cigare importé en un produit de grand luxe.
À Cuba, la fabrique de cigare Partagas est non seulement la plus ancienne, mais aussi celle qui subsiste encore aujourd’hui.
La ville de Santa-Clara, au centre de Cuba, célèbre depuis 1958 grâce au révolutionnaire Che Guevarra, produit les vitoles José L. Piedra. Pour répondre aux objectifs de triplement de la production de cigares, voulus par Fidel Castro à l’horizon 2000, plusieurs manufactures verront le jour parmi lesquelles celles de Holguin et de Sancte Spiritus. Notons aussi que sa politique de protectionnisme à outrance fit disparaître de grandes marques comme Cabañas y Carbajol, Murias, Henry Clay, Farach et Villar.
Certaines changèrent de nom tout en conservant leur nom d’origine.
Voici quelques exemples :
- Manufacture H. Upmann
- José Marti, Romeo y Julieta
- Briones Montoto
- El Rey del Mundo
- Carlos Baliño
- Partagas
- Francisco Pérez
- La Corona
- Fernandez Royg
L’arrivée du cigare en Amérique du Nord, précisément dans le Connecticut, est l’œuvre d’Israël Putnam revenu de Cuba avec quelques modèles de cigares et de graines de tabac. Quelque temps plus tard, les fumoirs et les caves à cigares rentreront dans les habitudes de consommation américaines. Pendant cette période, les Cubains se taillent encore une grande partie du marché américain. C’est en 1860 après la guerre de Sécession qu’on observera une fulgurante progression aux USA. La grande popularité du cigare dans la classe bourgeoise favorisa le développement et la mise en place de grands moyens tels que transports, hôtels et clubs publics et privés pour sa consommation. C’est certainement à cette période que la tradition du cigare associée à un whisky de qualité pour mieux ressentir son arôme pendant la dégustation prit toute son aura. L’industrie concurrente des cigarettes, ou cigares de papier, intervient sur la scène au début du 19e siècle. L’essor des machines et outils pour la production, pendant les années 1880, accentuera la popularité de cette forme de consommation du tabac, devenue plus populaire dans les rangs des troupes avec l’avènement de la Première Guerre mondiale.
Les cigares de nos jours
Parmi les régions spécialisées actuellement dans la culture du tabac pour les manufactures, on peut citer :
- Oriente (Bayamo, Baracoa)
- Remedios (Entre Sancti Spiritus et Santa Clara)
- Partidos (près de La Havane)
- Semi-Vuelta et Vuelta Abajo (Pinar del Rio)
Jusqu’à nos jours, les feuilles de tabac de havane proviennent seulement de Partido (production des feuilles de cape) et Vuelta Abajo. Les meilleures sont cultivées dans les plantations de San Luis et San Juan y Martinez, deux villages de Vuelta Abajo.
Depuis 1854, le Hollandais Gustave Block, est le premier à différencier ses importations de celles de ses concurrents. Ainsi désormais, les fumeurs de havane, en regardant simplement les bagues et les boîtes de cigares, peuvent savoir si c’est une marque ancienne du XIXe siècle ou une production à partir de 1966.
En dehors des productions traditionnelles et ceci depuis une dizaine d’années seulement, Cuba produit chaque année trois vitoles en Édition limitée. Ces modules inédits sont roulés dans une feuille de cape ayant vieilli au moins deux ans. Les Éditions régionales apparues pour la première fois en Angleterre en 2005 sont réservées pour une période de deux ans à un seul pays. La France en a bénéficié en 2007 avec le Libertador de Bolivar et l’Obus de Juan Lopez.
Enfin, la tendance actuelle est de produire de nouveaux modules, selon les goûts et besoins des consommateurs. Le classique robusto est par exemple produit en cañonazo plus long, ou petit robusto plus court. De nouvelles variétés apparaissent sur le marché actuel comme la gamme de Cohiba « Maduro », la marque Montecristo en nouvelle série de havane dites Montecristo Open pour plein air.
Les amateurs de nicotine se passent la flamme à l’aide de leur briquet depuis des lustres et beaucoup d’autres histoires non moins intéressantes sont certainement à découvrir dans cet univers plein de cendres.
Vous savez maintenant tout sur le cigare ! Ce n’est pas pour autant qu’il faut lâcher sa cigarette électronique, car les cigares sont à savourer avant tout pour de belles occasions.